Abstract

Malebranche ne dissocie jamais la théorie et la pratique. Son Traité de morale est une œuvre métaphysique. Ceci a sa raison dans les rapports entre la foi et la raison qui sont complémentaires. Le rapport de l'âme et de l'amour, conformément à une tradition platonicienne, est un lieu où l'on peut vérifier cette connexion. L'analyse de l'âme met en évidence la modernité de Malebranche dans sa conception de la conscience ou sentiment intérieur, où se révèle l'irréductibilité du sensible. L'amour est au sommet de l'âme, en ce qu'il coïncide avec la volonté du bonheur. En ce sens la théorie païenne est juste: une volonté aveugle et un amour d'instinct s'équivalent. Mais la liberté est le don du Dieu chrétien à l'homme. Avec la liberté seulement, un amour-propre déréglé est possible et pécheur. Inversement, le véritable amour, celui où l'âme se reconnaît elle-même, c'est la charité, qui est une sainte concupiscence; celle-ci est capable de nous inspirer le désir du vrai. L'amour de la vérité qui illumine l'âme est le sentiment qui reconnaît Dieu comme la souveraine Raison