Abstract

Beaucoup de philosophes contemporains dirigent leur attention sur la philosohie de l'antiquité et des temps modernes. Mais quel sens doit-on attribuer à l'étude de la philosophie médiévale ? De fait, une grande partie du vocabulaire philosophique contemporain est devenue nôtre par l'intermédiaire des penseurs du moyen âge, de sorte qu'il nous est nécessaire de nous tourner aussi vers eux pour pouvoir comprendre dûment et radicalement notre propre terminologie. Néanmoins, cette terminologie et ce qu'elle exprime est devenue nôtre par les siècles suivant la période, relativement courte, qui suivent de la haute efflorescence de la philosophie médiévale. Quoi qu'il en soit de l'essor qu'ont pris durant ces siècles la logique et les sciences exactes, le contenu authentiquement métaphysique de la problématique des penseurs du treizième siècle, allait bien vite se flétrir. La réaction qu'on observe dès le commencement des temps modernes contre la philosophie médiévale, n'est pas dirigée contre cette pensée elle-même, mais plutôt contre ce qu'il y avait encore en dessous de la terminologie et de la méthode léguée, où la profonde inspiration originale n'était déjà plus présente. Et même la problématique authentique et sincère de notre temps provenait, et provient, pour une grande partie, de la quasi-impossibilité dans laquelle on se trouve de faire ressortir le contenu originel des expressions reçues par tradition. C'est pour cela que, pour pouvoir trouver comme il faut l'issue des apories de la pensée contemporaine occidentale, il sera nécessaire de se tourner vers les auteurs de la synthèse médiévale qui peuvent éclairer notre propre problématique parce qu'elle est la leur. Non pour recevoir d'eux une réponse formelle, que d'ailleurs on ne cherche pas vraiment, mais pour que l'on puisse pénétrer de nouveau dans le passé qui est véritablement nôtre, pour laisser parler ce passé en tant que nôtre. Et, ayant reçu cette réponse, la philosophie contemporaine prendra mieux conscience de sa propre problématique ; partant de cette réponse et ayant dans les mains son propre passé, elle trouvera elle-même sa propre réponse dans son propre temps. Et pour la philosophie contemporaine il n'y aura plus le danger ou la tentation de lutter contre des fantômes