De filosofie Van het spel en het spel Van de filosofie

Tijdschrift Voor Filosofie 29 (2):262 - 305 (1967)
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Abstract

Dans cet article nous essayerons de montrer par une réflexion philosophique sur le phénomène du jeu, d'une part, que le jeu peut ouvrir des perspectives importantes sur toutes les questions philosophiques, d'autre part, que la réflexion philosophique ellemême doit avoir un caractère ludique, si elle veut rester fidèle à son origine qui est l'étonnement. Dans la plus vieille littérature philosophique, religieuse et mythique on aimait employer le concept de jeu au sens figuré. La mentalité utilitaire du Siècle des Lumières (Aufklärung) en était la cause que l'on allait essayer de distinguer un sens littéral vis-à-vis d'un sens figuré ou allégorique. La discussion sur ce point a continué jusqu'à nos jours. Mais on oublie dans cette discussion que la démarcation entre le sens littéral et le sens figuré d'un mot n'est jamais définitive. Il faut plutôt poser la question suivante : n'est-ce pas le phénomène du jeu lui-même qui est la cause qu'il y a une relation ludique entre le sens figuré et le sens littéral ? N'était-ce pas à cause de celà que dans le passé on pouvait employer le jeu comme métaphore ? Le concept philosophique du jeu ne peut être déterminé d'une manière ni purement univoque, ni purement analogue. Le jeu comme activité univoque et catégoriale doit au contraire être compris à partir du jeu comme réalité analogue et transcendentale et le jeu comme „existential” analogue à partir du jeu comme activité spéciale. On n'a pas le droit de choisir entre l'un ou l'autre, parce qu'autrement on ferait du tort soit au sens littéral soit au sens figuré du mot. Aussi le concept du jeu peut seulement être compris dans une forme ludique. Il en est du jeu comme de l'amour et comme de la religiosité. Il est une sphère fondamentale qui d'une part imprègne d'une manière analogique toutes les manifestations de la vie de l'homme, leur donne un caractère ludique et par là les laisse être ce qu'elles veulent être et qui d'autre part exige aussi pour lui-même des formes spécifiques d'incarnation. L'esprit ludique doit être sans mesure dans le sens qu'il doit imprègner toujours et partout la vie entière, mais le jeu sensu stricto doit avoir lieu avec mesure, tout en donnant expression à la vie ludique elle-même. La réflexion philosophique sur le jeu se développe en trois phases. La première phase comprend la déscription phénoménologique du jeu en tant que tel. La deuxième phase prend en vue l'horizon ludique qui se présente dans le phénomène du jeu. La troisième phase place le moment totalisant du monde ludique dans la lumière de la réalité entière. Elle scrute le sens ontologique et ultime de ce moment ludique. A cause de la loi de l'herméneutique circulaire la première question ne peut pas être tranchée en laissant les deux autres hors vue. Dans la première phase déjà il faudra toucher les phases postérieures, tandis que les phases ultérieures devront rester présentes pendant tout le développement de la pensée. Dans une analyse phénoménologique il paraît que jeu et travail sont à distinguer comme deux réalités catégoriales qui toutes les deux révèlent une valeur fondamentale propre. Mais bien que distingués, le travail à toujours quelque chose du jeu et le jeu quelque chose du travail. Il paraît donc y avoir une relation dialectique entre les deux valeurs fondamentales, entre le moment ludique et le moment du travail. La question se pose auquel des deux moments appartient le primat ontologique. Avant de répondre à cette question-clef il est requis d'exprimer d'une manière herméneutique ce qui se produit dans l'événement du jeu. Une analyse du „spatialiser” (räumen) dans le jeu montre que l'espace du jeu n'est pas vécu comme une partie de l'espace ordinaire, mais qu'il se révèle dans le jeu un espace originaire, un espace d'un genre nouveau. C'est justement dans ce „nulle part” du jeu que l'homme cherche un point d'appui pour le „quelque part” de la facticité de l'existence du souci et du travail. Le monde du jeu se communique au monde du souci. L'homme joue du „quelque part”, il joue le „partout”. On constate la même chose en ce qui concerne le „temporaliser” (zeitigen) du jeu. Le temps n'y est pas une simple succession temporelle, mais ici l'homme joue avec temps ; il joue l'éternité. Dans le jeu l'homme participe à l'éternité en l'effleurant. Ici aussi il y existe une priorité de l'existential du jeu par rapport à celui du souci. Le jeu est un événement ; d'une part celà lui arrive en tant qu'homme jouant ; d'autre part l'homme y prend part d'une manière active. Il ne se déroule ni au dedans ni en dehors de la réalité contingente, ce qui fait son ambiguïté essentielle. Il n'y a pas un monde de fait et à côté un monde de jeu où tout est fantaisie. Existeraient-ils l'un à côté de l'autre, il n'y aurait pas ambiguïté mais double univocité. Le jeu se meut précisément dans cet entre-deux ou plutôt il est cet entre-deux. Cela est le jeu de la liberté. L'irréalité du jeu n'est irréelle que pour l'homme pour qui l'être objectif corporel donné (Vorhandenheit) est le prototype de la réalité. Pour le „homo sapiens” et pour le „homo ludens” le jeu est l'espace où le supra-réel apparaît. Le monde „réel” - celui du souci et du travail - est déduit de la réalité supérieure qui apparaît dans le jeu. Mais cette déduction est dialectique, puisque le monde du jeu ne peut exister que grâce à cette déduction. Dans le jeu se révèle une dimension de profondeur de notre réalité ordinaire. Le jeu est, pourrait-on dire, un phénomène marginal de la vie. Mais il faut comprendre ce mot dans le sens d'encadrement qui prépare l'espace où le vrai sens de la vie peut apparaître. Le jeu comme encadrement est important, parce qu'il est le rituel au service de l'événement de la vie. Il n'est pas la vie proprement dite, mais il entoure la vie, il crée l'espace pour la vie, il fait apparaître la vie proprement dite, c.-à-d. l'être,, la vérité, le transcendant. La vérité ne se révèle pas comme jeu, mais en jouant. Au fond le jeu ne se laisse pas classifier car il précède toute classification. Veut-on néanmoins entreprendre une certaine classification artificielle, alors le jeu se laisse distinguer comme jeu de concurrence (jeu agonal) et comme représentation (illusion ou spectacle), à mesure que l'accent est mis sur le moment transitif ou sur le moment immanent de l'homme. L'homme comme esprit incarné donne expression à son ambiguïté dans le jeu. La voie ascendante va de l'„agon”, où l'homme s'arrache du constitué et en triomphe, vers le mystère de la communion et du transcendant. La voie descendante va du spectacle vers le jeu expérimental des déterminations de la facticité. L'essentiel est l'ambiguïté du phénomène du jeu. Car le jeu est : représenter et vivre symboliquement l'ambiguïté essentielle humaine. Dans le jeu agonal s'exprime l'ambiguïté de l'horizon-figure. Il est la dialectique entre plurivocité et univocité, à partir d'une orientation horizontale. Elles ne peuvent exister que l'une par l'autre et elles ne peuvent être détachées l'une de l'autre qu'artificiellement. Cette ambiguïté agonale offre l'espace de jeu où la personne se réalise dans le monde. Dans le jeu exhibitif on constate une orientation verticale. Ici le jeu est l'expression de l'ambiguïté du symbole. Il est manifesté non pas par des symbolismes des choses ou du monde, mais par celui de la personne. Ici le symbolisme est expressivité pure de la communin, c.-à-d. l'apparition des personnes l'une à l'autre. Il symbolise l'ambiguïté de la rencontre des personnes. Mais la relation entre le moment exhibitif et le moment agonal est elle-même aussi ambique et elle est jouée, mais ainsi qu'il y a une hiérarchie dialectique entre le spectacle et l'agon, comme respectivement plus haute et plus basse forme du jeu. Ce qui a été dit concernant le jeu comme réalité existentiale et comme réalité prédicamentale et concernant le mouvement dialectique entre les deux s'applique aussi à la philosophie elle-même. Le jeu compris dans le sens qui vient d'être expliqué, est la „méthode” de la philosophie. La philosophie n'est pas un prendre ou comprendre de ce qui est, mais un penser ludique aux êtres qui se trouvent dans l'être. Ici à nouveau on peut distinguer le moment agonal du moment exhibitif. Le philosophe joue d'une manière agonale des concepts, de sorte que ceux-ci offrent de l'espace de jeu pour le jeu exhibitif. Le philosophe joue face à l'être sans s'enfuir de la réalité de la rationalité pour trouver un refuge dans une irrationalité fictive. Comme être fini, il n'y a que la contemplation jouée de l'être, qui faillit à être vraie et qui n'arrive jamais à un achèvement définitif, qui est donnée à l'homme. Le jeu est la plus grande richesse pour l'homme ; il est la créativité divine sur le niveau humain. En même temps, il est le plus grand témoignage de la pauvreté humaine parce qu'il n'est que jeu

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