Abstract
Le parcours de Victor Basch, germaniste d’origine allemande d’abord professeur de littérature étrangère à la fin du XIXe siècle puis d’esthétique dans les années 1920-1930, illustre tout particulièrement l’importance des transferts franco-allemands qui ont présidé à l’institutionnalisation de l’esthétique en France. Parti de la nécessité d’établir la réflexion sur l’art sur des bases non normatives, Basch devint un introducteur privilégié de l’esthétique psychologique allemande en France. En suivant le cheminement de Basch, cet article veut montrer autant la place essentielle qu’a occupée à travers lui l’esthétique allemande dans le contexte français, que les limites de ses analyses des processus « sympathiques » permettant, selon lui, autant la création que la jouissance artistique ou le travail du chercheur en esthétique. Malgré l’insistance sur l’expérimentation ces analyses finissent par cantonner le beau dans une sphère idéale et déterminèrent ainsi les réticences de Basch face aux analyses sociologiques de l’art et sa participation à un discours dualiste sur l’Allemagne.