Abstract

Cet article étudie le lien entre confiance et réputation, règles de droit et normes informelles dans la détermination de la qualité des produits et des acteurs économiques. Après avoir rappelé les principales approches et solutions à ces problèmes avancés par l'historiographie, mais aussi par la sociologie et l'économie, nous étudierons le marché du vin en France au XIXe siècle. Nous mettrons l'accent sur le rôle que normes et confiance ont joué pendant le dernier quart du XIXe siècle, en réponse au phylloxéra, d'une part, aux progrès techniques et au développement des marchés internationaux, de l'autre. Nous évaluerons enfin le débat et les pratiques autour des marques viticoles (individuelles et collectives) tout au long du XIXe siècle. Cette analyse nous permettra de développer les questions du lien entre la protection de la propriété individuelle, la confiance ancrée dans le territoire et la dynamique des marchés. Notre principal argument sera que normes, confiance et réputation sont moins des substituts les unes des autres que complémentaires dans le fonctionnement des marchés. La confiance s'inscrit dans un cadre institutionnel et cognitif précis sans lequel elle ne saurait intervenir dans la coordination des marchés.