Abstract
Par son étymologie, le mot d’arabesque, dans les langues européennes, renvoie à un ailleurs. Depuis le xvi e siècle, ce sentiment d’altérité n’a jamais cessé, nourrissant à la fois l’attraction et la méfiance à l’égard d’une forme dont la valeur ontologique demeure profondément ambiguë. Son appropriation dans la conscience de soi de l’Occident moderne n’enlève rien à son altérité, mais elle l’intériorise : dans l’arabesque, de la Renaissance au xviii e siècle, du Romantisme aux avant-gardes du xx e siècle, l’étranger se transmue en étrangeté. Une altérité à soi s’y manifeste, inquiétante et fascinante, fissurant le règne de l’objectivité auquel cherche à s’inféoder l’image mimétique.