Diogène 206 (2):151-156 (
2004)
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Abstract
Résumé La tradition occidentale a toujours été foncièrement anthropocentrique. A travers l’esprit scientifique, l’homme moderne parvient à une sorte de colonisation du reste de la nature, dans laquelle seul son propre bénéfice fait sens. Cette conception est entrée dans une période de crise depuis la seconde moitié du xx e siècle, particulièrement dans le dernier tiers, et l’on assiste au bouleversement de quelques-uns des principes ontologiques constitutifs de l’homme occidental. La philosophie grecque, la tradition judéo-chrétienne, la Renaissance, voilà les trois grands moments de cet anthropocentrisme ; le quatrième étant l’homme comme dominateur de la nature et du cosmos. Depuis la seconde moitié du xx e siècle, cette situation produit une contre-conscience, la conscience d’ hybris de l’anthropocentrisme occidental, la conscience d’avoir transgressé toute limite et toute frontière avec l’autodestruction par le biais de la bombe atomique. La double posture d’orgueil et de chute dans l’ hybris constitue le grand fond philosophique des débats éthiques, politiques, idéologiques qui accompagnent actuellement le domaine de la biologie et de la génétique dans ses évolutions. Cela étant, est-il possible à l’homme, en termes philosophiques, intellectuels et artistiques, de dépasser l’anthropocentrisme? Oui, par l’auto-contention, l’antique sofrosyne, qui réclamait la mesure face à l’ hybris. Mais l’homme occidental craint le dépassement de l’anthropocentrisme, l’idée que l’homme n’est rien lui faisant peur (le froid pancosmique). Une voie intermédiaire est souhaitable : il faudrait récupérer la conscience d’un certain animisme, récupérer l’âme du monde.