Abstract
Résumé L’imaginaire est une catégorie plastique qui renvoie à des conceptions préscientifiques, aux fictions politiques et juridiques, aux croyances religieuses, aux stéréotypes ou préjugés, sans se confondre avec tous ces objets. Notion imprécise et fourre-tout, l’imaginaire serait inutile pour saisir avec rigueur les objets du monde : il relèverait du subjectif et de l’insaisissable. Pourtant, l’imaginaire a bien un contenu, des structures et dévoile une visée de la conscience. En se fondant sur les écrits de Castoriadis, et notamment la distinction imaginaire instituant et imaginaire institué, on propose d’utiliser cette notion comme un outil méthodologique d’analyse du droit. L’imaginaire n’est d’ailleurs pas étranger à la théorie du droit, principalement américaine, et notamment au sein de l’Université de Yale. Elle recoupe les préoccupations du courant des Cultural Legal studies, où l’on retrouve des auteurs tels que Paul Kahn, David Nelken, Austin Sarat et Jonathan Simon, etc. Le droit constituant une représentation du réel, l’usage de l’imaginaire doit chercher à saisir les significations profondes des normes juridiques, leur de manière de structurer notre pensée et les luttes qu’elles engendrent pour imposer des vérités toujours renégociables