Abstract
Lorsque la philosophie a voulu penser la propriété et son origine, elle a fait de la nature le cadre approprié pour l’appréhender, y compris à des époques où la propriété, aussi bien privée que commune, était déjà régulée par un système de juridictions préexistant. La propriété et la question de sa légitimité ont alors été interrogées aux confins de l’articulation entre l’ordre du fait (s’incarnant notamment dans l’appropriation) et celui du droit. Néanmoins la mise au premier plan d’une nécessité naturelle ainsi que l’inscription de l’appropriation dans un registre naturaliste ont pour vocation de soustraire la propriété à la problématique de la justice distributive. L’approche naturaliste de l’appropriation privative implique en outre un usage pragmatique de la norme juridique, renversant par là la « loi de Hume », alors même que cette norme pourrait être tout aussi légitimement mobilisée pour instaurer un devoir-être plutôt que pour instituer juridiquement un état de fait. Classification JEL : B12, P14.