Abstract
L'article s'interroge sur la tradition française en matière d'épistémologie et analyse la réaction du milieu philosophique du début du xxe siècle face à la crise des acquis philosophiques traditionnels provoquée par le développement des sciences. Les interventions au premier congrès international de Philosophie de 1900 montrent que la philosophie essaie de continuer à exercer une hégémonie sur les sciences, mais que, pour réagir à la crise, elle doit s'engager dans l'histoire des sciences. L'histoire des sciences devient alors le moyen employé par la philosophie pour essayer de garder sa place privilégiée dans l'ensemble du savoir: elle est donc faite par des philosophes qui, de ce fait, en contrôlent les lieux institutionnels. Il devient dès lors possible de tracer une ligne qui relie les questions des philosophes de 1900 à celles qui préoccupent ceux de l'entre-deux-guerres, notamment Gaston Bachelard.