Abstract
Nous entendons réexaminer tout un pan de l’histoire de la philosophie des sciences en France entre le milieu des années 1930 et l’immédiat après-guerre en nous appuyant sur les activités d’un réseau de scientifiques-philosophes qui s’est constitué autour de Gaston Bachelard, Jean-Louis Destouches et Ferdinand Gonseth après le congrès parisien de philosophie scientifique de septembre 1935. Ce réseau officialise sa rupture avec les positivismes logiques en organisant un colloque à Morgat en septembre 1938. Les activités de ce réseau se concrétisent sous l’Occupation avec la publication en 1942 puis en 1944 de deux fascicules qui offrent une large place aux réflexions de Louis de Broglie, Jean-Louis Destouches et Paulette Destouches-Février en physique théorique, tout en traitant d’autres thématiques telles que le langage et le finalisme. Ces deux fascicules reflètent ponctuellement les engagements de l’un de ses membres, à savoir Jean Mariani, en faveur de la Révolution nationale. Si ce dernier est durement sanctionné à l’automne 1946, l’essentiel de ce réseau continue à jouer un rôle structurant en philosophie des sciences après la guerre et il gagne même en visibilité sur la scène philosophique internationale, grâce au soutien de Ferdinand Gonseth et de Stanislas Dockx.