Abstract

La présente étude de cas soulève une série de questions historiographiques et archivistiques induites par une enquête que nous avons consacrée à la patrimonialisation des papiers personnels de Jean Leray (1906-1998). Nous entendons tout d’abord reconstituer la persona scientifique de Jean Leray telle qu’elle ressort des notices biographiques produites en particulier après son décès. Le récit que nous a livré Leray sur sa captivité durant la seconde guerre mondiale y est alors reproduit et amplifié. Nous établissons ensuite que le tri des papiers de Leray est contemporain de ces éloges et qu’il a été mené sous l’étroit contrôle du mathématicien et académicien Paul Malliavin. Nous formulons ce faisant quelques hypothèses sur les principes ayant conduit ce dernier à n’en déposer que quelques fragments dans trois bibliothèques de mathématiques distinctes. Pour finir, nous replaçons le récit de captivité de Leray dans le contexte des relations étroites que certains membres de l’Académie des sciences, dont Gaston Julia et Henri Villat, entretenaient avec l’université en captivité de l’Oflag XVII-A durant l’Occupation.