Abstract
Dans l’un de ses cahiers, en 1935, Simone Weil note pour elle-même : « Tu ne pourrais pas être née à une meilleure époque que celle-ci où on a tout perdu. » ( OC VI 1, p. 118 1 ). Une telle phrase indique une attitude : s’inscrire exactement dans le monde moderne, et s’en relever. Car il ne s’agit pas de revenir en arrière : celle qui met sa pensée et sa vie au service de ceux qui sont écrasés par la force, en bas de l’échelle sociale, qui diagnostique le présent et fustige « la civilisation moderne » et « ses poisons » n’est ni traditionaliste, ni réactionnaire. Estelle antimoderne? S’inscrit-elle dans une telle filiation? Cette catégorie peut-elle fournir un principe d’intelligibilité pour son œuvre? Cette question fournit l’occasion d’examiner le rapport de S. Weil à la modernité.