Abstract
Résumé Les lettrés de la Renaissance ayant pris le parti de la miseria hominis ont parfois célébré, dans les pas de Plutarque, une paradoxale dignitas animalis. Vanter l’excellence morale et intellectuelle des animaux ne relève pas seulement de l’exercice rhétorique, mais peut stimuler une observation nouvelle de la réalité animale, dont témoigne le cas de Girolamo Rorario. Poussant d’un degré plus loin le décentrement philosophique, une série de dialogues, comme la Circe de Giambattista Gelli, met en scène la parole critique des bêtes, questionnant les présupposés de l’anthropocentrisme. Qu’il y ait eu matière à des premières polémiques sur l’animal, avant celles qu’engendreront le cartésianisme, le cas de l’Espagne le montre enfin, autour des thèses controversées d’Antonio Gómez Pereira. La notion confuse d’« humanisme » a peut-être occulté, aux yeux de l’historiographie moderne, les profondes remises en cause de l’échelle des êtres qui se jouent à la Renaissance.