Abstract
Placez la photographie du cerveau d’Einstein au milieu d’une centaine d’autres clichés du même type : il ne fait aucun doute que n’importe quel étudiant en neurosciences le repérerait immédiatement. “ C’est aussi étrange que d’avoir deux pieds gauches , dirait-il. Comment cet individu pouvait-il danser avec deux cerveaux droits ? S’agissait-il d’un attardé mental ou d’un génie ? ” Les règles de l’origami prénatal nous sont encore largement inconnues, mais chaque étudiant apprend vite à distinguer les replis les plus profonds du cerveau, tels le sillon central (tout ce qui est situé en avant de ce sillon est appelé le “ lobe frontal ”) et la scissure de Sylvius (tout ce qui est situé en dessous de cette scissure est appelé le “ lobe temporal ”). Habituellement, les deux hémisphères n’ont pas la même apparence : dans un cerveau droit typique, la scissure de Sylvius prend un tournant abrupt, un peu en arrière du sillon central, tandis que, dans le cerveau gauche, sa courbure est beaucoup moins prononcée (voir l’article d’Olivier Robain). Il sauterait donc aux yeux de notre étudiant que ces pliures dans les cerveaux droit et gauche d’Einstein sont curieusement similaires. Autre bizarrerie, les coudes des scissures de Sylvius sont situés plus en avant qu’à l’ordinaire : chez Einstein, toutes les deux aboutissent dans le sillon central.