Abstract
Le mot 'goût' désigne non seulement le discernement et l'appréciation gustative des qualités des aliments et de la boisson, mais aussi le choix de ce qui, dans un milieu cultivé, est estimé comme étant 'de bon goût'. Ce qu'on appelle 'goût' chez les animaux est une forme du sens chimique, par laquelle l'animal remarque ce qui est comestible. C'est sur la base de cette fonction sensorielle que s'appuye le goût humain. Celui-ci se développe chez le jeune enfant dès qu'il apprend à goûter, à prendre goût a quelque chose, et cela en conformité avec les préférences du milieu ambiant, références que peu à peu il adopte et fait siennes. La formation du goût comporte donc une relation permanente au milieu social ainsi qu'à la langue qui, dans la civilisation, précise tout discernement et toute appréciation. Le plaisir du goût qui juge de la qualité des aliments et des boissons a une valeur exemplaire pour toute relation à ce qui est éprouvé, apprécié et préféré d'une manière sensorielle. C'est cela qu'on dit être 'de bon goût'. Dans une société dont la civilisation et la prospérité sont en progrès, le bon goût exerce une fonction sociale. Mais cette fonction est différente de celle de l'art. Le beau à d'autres dimensions que ce qui est 'de bon goût'. Et dans le phénomène de la mode le bon goût semble pouvoir railler parfois le sens artitistique, sinon la civilisation elle-même. Le domaine du bon goût est comme un domaine intermédiaire et ambigu de la civilisation, où une nature humanisée et une humanité naturelle se fondent l'une dans l'autre. Ce domaine du goût prédominant confine d'une part au champ du besoin du boire et du manger en voie d'humanisation et d'autre part à l'espace illimité de l'art comme culture. Le goût, situé entre le sens naturel et le sens artistique, est la préfiguration du spirituel. Sa signification propre a trouvé son expression dans le langage à l'avènement de l'homo sapiens, cet être caractérisé par l'intelligence, le goût (sapor) de la mesure, de la proportion et de la valeur