Abstract
« Comme toute grande philosophie, celle de Deleuze avant Guattari et avec Guattari renouvelle la définition de la pensée. Depuis Différence et répétition, la pensée n’est pour Deleuze ni naturelle ni spontanée, elle est le produit d’une genèse : Deleuze part d’une critique de l’image représentative de la pensée qui lui permet de dégager le vrai commencement de la pensée, ses conditions réelles. Avec cette genèse, grâce à laquelle la pensée se cherche un sol autre que la représentation en renonçant en même temps à tout fondement, Deleuze résout, pour son propre compte, le problème du commencement en philosophie, en faisant surgir une pensée sans image. Par la suite, Deleuze et Guattari construisent ensemble une nouvelle métaphysique qui semble se passer, en apparence seulement, des notions d’image de la pensée et de pensée sans image. En réalité, à l’unique « Image de la pensée » qu’il s’agissait de détruire dans Différence et répétition, Deleuze et Guattari substituent, dès Mille plateaux, une pluralité d’images de la pensée, chacune étant historiquement et singulièrement déterminée. Ils esquissent même dans cet ouvrage l’idée d’une « noologie » qu’ils prendraient pour objet d’étude. Ces images deviendront les plans d’immanence de Qu’est-ce que la philosophie?. Quant à la pensée sans image, nous montrerons que, loin de disparaître, elle prend différentes formes, notamment celle du chaos, dans leur dernier ouvrage. Notre hypothèse est donc que, sous des vocables changeants, ces deux idées, comme leur relation mise à jour par Deleuze, ne disparaissent pas de leur métaphysique commune. »