Abstract
Walter Benjamin situe au milieu des années 1920 un tournant dans sa pensée, qu’il désigne comme sa « conversion à la théorie politique » : délaissant progressivement le paradigme métaphysique qui informe les textes de jeunesse, il s’emploie à penser l’émancipation politique. Cet article se propose d’étudier les effets de cette « conversion » dans la théorie esthétique de Benjamin – qui, de théorie de la critique, devient théorie de la perception –, pour comprendre que la « seconde » esthétique ne rompt pas tant avec les catégories de la « première » qu’elle en propose la réélaboration dans un nouveau paradigme. Cette lecture synthétique et diachronique des écrits majeurs de Benjamin sur l’art s’attache à restituer la dynamique et la cohérence de la réflexion benjaminienne, qui conçoit dès l’abord la réception esthétique comme une pratique émancipatoire.