Semiotica 2021 (239):81-97 (
2021)
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Abstract
RésuméNotre propos est de réunir quelques réflexions de Pascal Quignard sur le récit afin d’en dégager les coordonnées ou les prémisses d’une théorie narrative chez cet écrivain qui, n’étant pas un théoricien, est sans doute quelqu’un qui fait œuvre de pensée. Notre hypothèse est que, situées dans le cadre d’une épistémologie naturaliste et d’un récit anthropogénétique au sein duquel la prédation joue un rôle majeur, en particulier celui de condition de possibilité de la narration, les spéculations de Quignard s’élaborent sur fond de la théorie sémio-narrative laquelle subit ainsi une reformulation. Nous soutenons que la réinterprétation quignardienne fait partie des théories, comme celles de Petitot et de Thom, qui proposent une solution morphogénétique au problème de la conversion (de la substance sémique en forme narrative) tel qu’il se présente chez Greimas. Au sein de cette convergence avec le structuralisme naturaliste et morphodynamique, la spécificité de Quignard réside dans la configuration de la conversion comme capture. Cette figure dynamique devient alors un opérateur de narrativité différent des modèles logiques (carré sémiotique) ou topologiques (catastrophes) qui formalisent rationnellement la conversion. Elle est au cœur de la pensée de l’écrivain sur le phénomène narratif.