Abstract
On emploie ici le terme « structuralisme » dans un sens large, incluant les œuvres de Lévi-Strauss et Barthes aussi bien que celles d'Althusser, de Lacan, de Foucault. J'y vois non pas un système ou une école de pensée, mais un mouvement, et j'y inclus également le « post-structuralisme » de Derrida et de Deleuze, en tant que « négation déterminée » de certains présupposés. Je soutiens que le structuralisme ne se caractérise pas par une position objectiviste, mais par la relance de la tentative pour produire une « genèse » ou une « construction » du sujet au sein de structures transindividuelles, et donc pour y voir un système d'effets au lieu d'une cause originaire. Cette conversion d'un point de vue du sujet constituant au point de vue du sujet constitué explique l'importance des modèles linguistique, psychanalytique et anthropologique, ainsi que d'une certaine interprétation du marxisme comme théorie de l'imaginaire social chez les structuralistes. Quant au post-structuralisme, il déploie un mouvement de rectification, en présentant les limites de la subjectivité, qui impliquent la dissolution de la « normalité » et la mise à jour de la violence inhérente au processus de constitution, comme des « différences » pures qui engendrent l'activité et la passivité. Ce second mouvement contribue de façon décisive à conférer au structuralisme, non seulement une portée épistémologique, mais aussi une orientation éthique.