Abstract
Cet article se propose de montrer la genèse du concept de visage dans la phénoménologie lévinassienne. À partir d’une lecture de la conférence « Parole et Silence » donnée en 1948, on montrera que le son anticipe et endosse déjà en 1948 la fonction qui reviendra au visage dans Totalité et Infini. Dès lors, le son est le premier visage du visage : de 1948 à 1961, Levinas aura transféré les caractères du son au visage, pensant le visage à partir du son, et reléguant dans Totalité et Infini le son à l’immanence de la sensibilité. Cette substitution d’une topique du visage à une topique du son à la fin des années 1940 engage l’intégralité de la phénoménologie lévinassienne de l’extériorité, de la sensibilité, de l’art et des rapports entre judaïsme et christianisme.