Abstract
Comment des femmes migrantes originaires des Comores, engagées dans une double activité professionnelle, à la fois comme salariées subalternes et commerçantes à la valise parviennent à articuler les temps sociaux, en particulier les temps les plus investis socialement, à savoir l’articulation travail salarié/famille/commerce? Selon quelles modalités gèrent-elles leurs « équations temporelles personnelles »? Ces femmes sont nombreuses à être concernées par les formes d’emploi atypiques entraînant une désynchronisation de leurs rythmes sociaux par rapport à ceux de leur entourage et de la société en général. Cette précarité objective peut être de nature à rendre difficile l’articulation des temps sociaux. L’articulation de cette double temporalité de travail nécessite du reste de disposer de temps libre. Pour les salariées les plus précaires, la conduite de cette activité de commerce s’organise dans une double articulation avec leur activité salariale, puisque d’une part elles profitent de la « porosité » de leur temps de travail, liée à la précarité même de leur emploi et que, d’autre part, elles puisent dans les ressources économiques que cet emploi leur procure. Les femmes travaillant à temps plein, quant à elles, s’organisent en fonction de leurs jours de repos.