Cet article propose de revenir à la très influente théorie de la métalepse élaborée par Gérard Genette entre 1972 et 2004. Est mis en valeur et discuté l’élargissement progressif de la notion auquel Genette procède, à la faveur du passage de la narratologie aux théories de la fiction et de l’adoption d’une perspective intermédiale. Il est montré que les ambiguïtés présentes dès Discours du récit, en 1972 (qui résident principalement dans l’équivoque entre les niveaux du récit et la frontière entre (...) réalité et fiction) ne font que s’amplifier au point de faire disparaître, en fin de compte, et les frontières de la fiction et les contours du concept de métalepse. Genette accentue ainsi une tendance majeure de notre époque. (shrink)

Lucian’s work De historia conscribenda not only presents reflections on how one should or should not write history, but also illustrates possible ways to represent the authorial activity of a historian (i. e. how one writes ‘metahistory’). In this, two basic forms can be distinguished, both of which can be understood from a narratological perspective as metalepses. In the first case, the historian is represented as the direct originator of the action; in the second he acts as a mere observer, (...) but one who moves spatially in and with his action. Both forms of statement stand within traditions of motifs that can be traced from antiquity through to the modern era; yet Lucian nonetheless makes an innovative contribution by inscribing value judgements into the motifs. The result is the suggestion that the historian fulfils the role of observer, while the role of originator turns out to be more apt for the poet than for the historian. This permits far-reaching conclusions to be drawn about the conception of poetry and historiography as a whole. (shrink)

Name der Zeitschrift: Philologus Jahrgang: 160 Heft: 2 Seiten: 276-304.

Parmi les nombreux outils légués par Gérard Genette, on étudie ici la possibilité d’un « Discours du récit interactif » en s’appuyant sur la pratique des jeux de rôle sur table. Les questions de focalisation et de voix y acquièrent une complexité nouvelle du fait que chacun des participants reçoit les informations diégétiques et s’exprime soit en qualité de joueur, soit en tant que personnage fictionnel. L’improvisation narrative en groupe restreint favorise par ailleurs la manifestation de métalepses et la circulation (...) de messages intertextuels. L’analyse permet de proposer en retour des critères pour évaluer la « métaleptogénicité » et la « palimpsestuosité » d’autres formes narratives. (shrink)

Digital media transform social options of access with regard to producers, recipients, and literary works of art themselves. New labels for new roles such as »prosumers « and »wreaders« attest to this. The »blogger« provides another interesting new social figure of literary authorship. Here, some old desiderata of Dadaism appear to find a belated realization. On the one hand, many web 2.0 formats of authorship amplify and widen the freedom of literary productivity while at the same time subjecting such production (...) to a periodic schedule. In comparison to the received practices of authors and recipients many digital-cultural forms of narrating engender innovative metalepses (and also their sublation). Writing in the net for internet-publics enables the deliberate dissolution of the received autobiographical pact with the reader according to which the author’s genuine name authenticates the author’s writing. On the other hand, the digital-cultural potential of dissolving the autobiographical pact stimulates scandals of debunking and unmasking and makes questions of author-identity an issue of permanent contestation. Digital-cultural conditions of communication amplify both: the hideand- seek of authorship as well as the thwarting of this game by recipients who delight in playing detective. In effect, pace Foucault’s and Barthes’ postulates of the death of the author, the personality and biography of the author once again tend to become objects of high intrinsic value. (shrink)

L'idée selon laquelle les frontières séparant la fiction de la réalité seraient définitivement brouillées est largement répandue. Ce livre est consacré à l'examen de cette situation et à la contestation de ce constat. Il s'attache à montrer l'existence et la nécessité cognitive, conceptuelle et politique des frontières de la fiction, que celle-ci soit narrative, dramatique ou cinématographique. En d'autres termes, il ne propose rien moins que de repenser les frontières de la fiction. Sa première ambition et son premier intérêt résident (...) dans le bilan très complet qu'il dresse des controverses anciennes et récentes sur le statut de la fiction : le phénomène du storytelling, l'histoire des rapports entre Histoire et fiction, la pensée de Lacan dans son rapport avec les avant-gardes françaises, la mouvance cognitiviste. Son second intérêt et sa stimulante nouveauté résident dans le parti de distinction qu'il défend, examinant notamment les limites de la fiction imposées par les cultures qui ignorent ou refusent celle-ci. Le point de vue défendu renouvelle entièrement les termes du débat. L'auteur s'emploie en effet à définir la fiction comme un monde possible possédant son ontologie propre, en concentrant l'intérêt sur la question des paradoxes et de la " métalepse ", cette figure qui confirme la frontière entre les deux mondes en feignant de la franchir. Empruntant à la narratologie, à l'anthropologie, aux sciences cognitives et à l'ontologie, cette étude, aussi fine dans son détail qu'ambitieuse dans son propos, analyse le statut de la fiction dans ses multiples aspects, esthétiques et littéraires, philosophiques et logiques, légaux et politiques. Les exemples nombreux qui viennent soutenir son impeccable argumentation sont empruntés à des aires culturelles éloignées aussi bien qu'à l'Europe, à l'époque contemporaine autant qu'à la première modernité, et aux oeuvres littéraires, cinématographiques ou télévisuelles autant qu'aux mondes virtuels. (shrink)