Cet article éclaire la cohérence singulière et complexe de l’esthétique d’Étienne Souriau en montrant le rôle fondamental qu’y jouent les notions de contour, d’ornement et d’arabesque. Il analyse d’abord sa valorisation des esthétiques industrielle et animale dès lors qu’elles dépassent le fonctionnalisme en s’ouvrant à la dimension non représentative de l’ornement. L’analyse de l’esthétique animale permet à Souriau de valoriser l’esthéticité pure du mouvement associé à des jeux non figuratifs. La catégorie interartiale de l’arabesque sous-tend la valorisation par Souriau de (...) formes primaires non représentatives, y compris dans les arts représentatifs, en particulier au cinéma où c’est leur puissance d’envoûtement qui prête vie aux personnages et au monde représentés. (shrink)

Cet article analyse l’incidence du découpage art / non-art sur la hiérarchie implicite des expériences qui sous-tend la hiérarchie explicite des arts. Parmi la diversité des expériences prédisposées par un « effet d’art », il se focalise sur l’expérience privilégiée du « libre jeu du plaisir libre » dont il met à jour l’évolution historique, de la charis (dans la période antique de l’« art élargi ») à ses nouveaux enjeux spécifiques dans l’esthétique de Kant.

L’enjeu le plus radical pour l’art serait-il de se libérer de tout concept préalable? Pour Adorno il faudrait non seulement que l’œuvre se libère d’un concept préalable (à la lumière de sa critique de l’industrie culturelle qui prolonge la critique kantienne de la « beauté adhérente ») mais en outre que l’art se libère de son propre concept. L’art furtif relèverait-il ce défi adornien, en renonçant à la référence au « concept d’art » (par une désartification revendiquée), pour mieux sauver (...) une dynamique vivante de l’art (ce qui suggère une réartification paradoxale)? Mais une réartification qui tenterait de « sauver l’art » en s’opposant au « monde de l’art » ne doit-elle pas échapper à la réduction de la communauté de l’art au modèle d’une communauté fondée sur un concept préalable (appréhendé comme une norme) pour retrouver l’horizon kantien d’une « communauté sans concept »? (shrink)

According to Etienne Souriau, ontology must be grasped in light of an ontogonic perspective in which future is to be rebuilt permanently as an act. We show that “constant forms” support Souriau’s aim that ontogony must be both ubiquitous and pragmatic. Firstly, the “constant forms” support Souriau’s ubiquitous ontogony which aims to escape the reification due to the “law of localization”. Secondly, as far as they are considered as “action template”, the “constant forms” support Souriau’s pragmatic ontogony according to which (...) “existence is an act”. Thirdly, Souriau characterizes as “constant forms” the morphems on which is based his synaptic vision (as opposed to the ontic vision) which values the dynamical role of transitions in order to create a future as an act, as it is required by the criteria of pragmatic ontogony. (shrink)