Abstract

En partant du constat que les significations du terme « utopie » varient en fonction des différents niveaux de langue (politique, professionnel, commun, etc.) l’auteur s’interroge sur les modalités des « expérimentations utopiques » dans la société. Dans la lignée des analyses de Paul Ricœur et de Robert Nozick, ainsi qu’en s’appuyant sur les conclusions de ses propres recherches consacrées aux représentations utopiques au XVIIIe siècle, l’auteur montre que l’utopie permet à l’individu d’exprimer son idéal de la société basé sur des choix axiologiques personnels, ainsi qu’à fonder l’identité d’un groupe dont les membres disputent à l’idéologie sa prétention à la domination. Enfin, l’utopie sous la forme de fiction constitue un élément important d’un discours théorique portant sur les modèles institutionnels alternatifs et questionnant l’idéologie. L’étude des modes de l’existence sociale de l’utopie permet d’interpréter la façon dont elle se manifeste et perdure dans la société.