Aubier,: Éditions Montaigne. Edited by S. Jankélévitch (
1946)
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Abstract
En dépit de l'apparente diversité de leurs objets, les deux parties qui composent cette Introduction à la philosophie de la mythologie traduisent un unique dessein : opposer à la dialectique hégélienne alors triomphante une dialectique plus authentique, car reconduite à sa source grecque - chez Platon, mais aussi, de manière plus inattendue, chez Aristote. Le ressort de cette dialectique consiste dans l'auto-élimination progressive de tout ce qui est de l'ordre de l'hypothèse, du possible, de la " puissance ", pour que surgisse, à la fin, la singularité nue et inébranlable d'un fait. La première partie, la plus anciennement rédigée, applique cette méthode à la mythologie, et, après avoir fait s'effondrer les différentes " explications "de celle-ci, débouche sur l'historicité radicale du processus au long duquel, dans la métamorphose réglée des dieux, se constitue la " religion sauvage "de l'humanité. La seconde partie, qui représente en philosophie le dernier mot de Schelling, va soumettre au travail dialectique le contenu le plus immédiat de la pensée, l'idée de l'Être (ou de l'Etant,?????, comme préfère dire Schelling, là encore fidèle aux Grecs), dont la patiente et minutieuse déconstruction dégagera le noyau caché, l'acte pur d'exister, que la raison ne peut plus contenir et qu'elle doit poser hors d'elle-même comme le point de départ d'une philosophie encore inouïe - la philosophie positive. Tentative de comprendre la religion immémoriale du passé, tentative de fonder la religion spirituelle de l'avenir, l'Introduction à la philosophie de la mythologie, mêlant la plus grandiose ambition à l'érudition la plus pointue, nous offre le testament intellectuel de celui qui fut le dernier survivant de l'idéalisme allemand.