Paris: PUF (
2022)
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Abstract
La Révolution industrielle a fait basculer l'humanité tout entière dans une période critique qui semble aujourd'hui la destiner à une catastrophe globale. Penser cette catastrophe impose de la situer dans le processus tragique dont elle est le dernier acte, et d'assumer ainsi la tâche d'une philosophie de l'Histoire. Mais la catastrophe n'a pas épargné la philosophie elle-même, qui dans le même moment s'est confrontée à l'obsolescence de toute sa tradition en laquelle elle a reconnu une mystification : d'où la nécessité de sa réinstitution radicale, qui renverse sa structure théologique pour la réélaborer dans une structure archéologique. Cette archéologie cependant découvre l'absence de tout fondement et n'accède qu'à l'abîme : elle ne peut établir qu'un principe d'anarchie, et se développer comme anarchéologie. Il est alors possible de concevoir l'Histoire en la ressaisissant depuis son inauguration par la Révolution néolithique, non plus en postulant à son commencement un Universel en puissance dont l'Histoire serait la réalisation de droit, mais en constatant à son achèvement un Universel en acte dont l'Histoire est la genèse de fait : l'Un numérique parvenu à l'hégémonie mondiale, devenu puissance démiurgique et pouvoir cybernétique, c'est-à-dire Capital. Notre époque est ainsi révélation apocalyptique de l'essence nihiliste de l'Histoire, processus d'universalisation par consumation de toute particularité, et finalement processus d'annihilation. D'où la nécessité d'envisager une autre Révolution destinée à conjurer cette fatalité, transmutation de la négativité en liberté par laquelle s'accomplirait la promesse humaine.