Abstract
RÉSUMÉ: La pragmatique et la sémantique de l’historiographie révèlent une fragmentation croissante qui s’étend par-delà les écoles jusqu’aux historiens individuels. Alors que les scientifiques normalisent les données pour qu’elles s’ajustent aux théories, les historiens interprètent leurs théories, de manières incompatibles entre elles, pour qu’elles s’ajustent aux différents cas historiques. Les difficultés qui en découlent dans la communication historiographique remettent en cause les philosophies herméneutiques de l’historiographie et redonnent un nouvel intérêt à la question d’une historiographie scientifique. Mais les réponses existantes sont philosophiquement obsolètes. Une façon de reformuler le problème est de partir de la complexité du chaos et de l’unicité de l’histoire. Seule la science peut évaluer si les propriétés d’un domaine donné en interdisent une approche scientifique. Or la science s’étend par réductions méthodologiques explicatives, en ramenant des propriétés d’événements complexes, chaotiques et uniques, qui sont familières, mais d’un niveau plus élevé, à des propriétés ou interrelations non familières et d’un niveau moins élevé. La culture disciplinaire de l’historiographie, cependant, empêche le développement par essais et erreurs de telles tentatives de réductions scientifiques, qui seules permettraient d’évaluer les possibilités d’une historiographie scientifique, laquelle, dans la situation présente, relève de la science-fiction.