Abstract
Si l’œuvre de Nietzsche présente une familiarité étonnante avec la pensée de Dostoïevski, le rapport du philosophe allemand au romancier russe est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, Nietzsche découvre par un heureux hasard, vers la fin de sa vie, les écrits de Dostoïevski. En quelques mois, il passe d’un enthousiasme absolu à l’aveu d’une déception à l’égard de celui qu’il considère comme un simple décadent chrétien. Comment interpréter ce retournement de Nietzsche vis-à-vis de Dostoïevski? Est-ce simplement un nouvel exemple de la versatilité du philosophe allemand? Ou peut-on y déceler quelque chose de plus profond? Cet article tente de reconstituer la chronologie du rapport de Nietzsche à Dostoïevski et les indices permettant d’éclairer l’apport réel du romancier russe à la philosophie nietzschéenne.