Abstract
L’article étudie le traitement par Schiller de la pulsion de jeu (Spieltrieb) comme d’une troisième pulsion suspendant et transcendant dans le plaisir esthétique nos deux tendances sensible et raisonnable. Puisque la pulsion de jeu schillérienne transforme des inclinations matérielles en un plaisir pris à la forme, créant un amour de la beauté et du sublime, et puisqu’elle est l’indice du progrès moral au sein de la société, elle excède – telle est ma thèse – le domaine kantien de l’expérience esthétique. Mais surtout, Schiller considère que la liberté humaine est le produit de l’expérience esthétique, par où l’individu surmonte, moyennant le jeu, l’oppression exercée par les contraintes sociales.