Diogène n° 267-267 (3-4):254-271 (
2021)
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Abstract
En dépit d’une politique étatique néo-patriarcale et d’une répression accrue contre les féministes, le mouvement féministe s’est profondément développé en Russie ces quinze dernières années et s’est fait de plus en plus entendre dans la sphère publique et les médias. Cet article avance qu’une des raisons essentielles de ces avancées marquantes, bien que sous-estimées, tient à l’importance accordée par le mouvement féministe à la construction et au maintien d’une communauté et d’une identité féministes collectives. S’appuyant sur des entretiens avec des militantes féministes, j’examine la manière dont les communautés se constituent en tant qu’espaces de soutien qui apportent à leurs membres la force nécessaire pour mener des actions collectives tout en les protégeant contre l’hostilité environnante. Mettant ces observations de terrain en parallèle avec la recherche existante sur les mouvements sociaux, cet article suggère que plutôt qu’un trait définitoire de la Russie, l’hostilité envers le féminisme constitue un aspect éphémère de la situation politique ; les initiatives permanentes des féministes ont d’ailleurs déjà commencé à la faire reculer.