Abstract
Cet article s’interroge sur le statut épistémologique des fictions employées en théorie politique, dont l’état de nature constitue l’un des cas exemplaires. Contre les critiques relativistes et celles d’inspiration marxiste , on montre que l’utilisation des fictions obéit à des règles précises du point de vue de leur finalité et de leur justification, ce qui interdit de considérer toutes les fictions comme équivalentes. Cette problématique est illustrée à partir de la théorie des fictions développée par le philosophe néokantien Hans Vaihinger et en la comparant avec l’usage des fictions tel qu’on le trouve illustré dans les écrits scientifiques et politiques de Thomas Hobbes .This article addresses the question of the epistemological status of fictional discourse in political theory, the « state of nature » being one of its paradigmatic examples. Against both relativism and Marxist critiques , it is argued that the use of fiction obeys to well-defined rules from the point of view of their finality and justification, which forbids us to consider all fictions as equivalent. This problem is illustrated by means of a presentation of the theory of fictions developed by the Neo-Kantian philosopher Hans Vaihinger and by comparing it to the use of fictions as found in the scientific and political writings of Thomas Hobbes