Abstract
Critique à l’égard des réflexions philosophiques empiristes, Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy forgea autour de 1800 une nouvelle théorie de l’art, grâce à une connaissance précoce du criticisme kantien et des esthétiques qui s’en inspirèrent. Il imposa une conception idéaliste de l’art, en opposant un système d’ imitation abstraite du type idéal au traditionnel concept d’ imitation de la nature. En faisant valoir l’existence d’une « puissance d’imaginer » intuitionniste et spontanée, dérivée du concept d’ Einbildungskraft, il proposa un système général des beaux-arts fondé sur une nouvelle métaphysique. Avant Madame de Staël et Victor Cousin, il contribua à diffuser auprès du public français certains débats artistiques outre-Rhin parmi les plus originaux, en soutenant activement les échanges intellectuels entre les deux pays, et notamment les critiques novatrices du mouvement Sturm und Drang dans une perspective spiritualiste. Cet article est une contribution à l’histoire des transferts culturels entre la France et l’Allemagne au début du XIX e siècle, en présentant les grands principes de sa métaphysique de l’art, son interprétation de la mimèsis, mais aussi ses sources pour comprendre les fondements de sa politique des arts à l’aube d’une révolution artistique en Europe.