Abstract
Avec l’ouverture des archives personnelles de Milgram, à partir du milieu des années 1990, une « seconde vague » de littérature sur les Études sur l’Obéissance s’est développée. Une partie de cette littérature suggère de manière convaincante que les expérimentations de Milgram sont si problématiques sur le plan éthique et méthodologique qu’elles ne mériteraient pas l’énorme attention qu’elles ont reçue et continuent de recevoir. À l’autre extrémité du spectre, certains chercheurs soutiennent qu’il y a encore beaucoup à apprendre de ces expériences. Confronté à des opinions aussi divergentes, voire même contradictoires, qui doit-on croire? Après avoir examiné cette littérature, cet article aborde deux questions: les expérimentations sur l’obéissance sont-elles éthiquement contestables? Et restent-elles méthodologiquement valides? Cet article conclut que bien que les expérimentations sur l’obéissance soient, pour de nombreuses raisons, contraires à l’éthique, elles restent néanmoins méthodologiquement valides. L’article conclut également que c’est précisément en raison du caractère éthiquement scabreux de ces expérimentations qu’elles restent si pertinentes pour comprendre le monde réel, bien au-delà des murs des laboratoires.