Abstract
Dans l'écologie radicale, la prise de conscience de la responsabilité humaine s'accompagne d'un pessimisme profond sur la dignité de l'être humain, percu comme le parasite de la planète. Or la mobilisation écologique est plus importante dans les pays de culture protestante. S'agit-il dès lors de la réaction contre un courant de pensée, accusé d'anthropocentrisme excessif? Dans cet article, nous examinons la relation entre protestantisme, modernité et désenchantement du monde. Cette relation n'est pas simplement causale, puisque la désacralisation de la nature est un thème fondamental du judaïsme et du christianisme des origines. Nous abordons Jean Calvin et son héritage, notamment la fortune littéraire de Robinson Crusoé. En finale, nous proposons une perspective respectueuse de la liberté humaine, fondée sur la catégorie forgée par Albert Schweitzer, «Ehrfurcht vor dem Leben», le «respect de toute vie»