Abstract
Lucrèce débute son livre III du poème De rerum natura par l’éloge des enseignements d’Épicure - qui effacent la peur de la mort, des fantômes et des dieux - et la description des sentiments suscités par les principes épicuriens. Il écrit, dans les vers 28-30, qu’il ressent à la fois une volupté divine (divina voluptas), allusion probable au plaisir catastématique qui permet d’approcher la quiétude de la divinité, et l’horreur (horror). La formule est énigmatique, voire même contradictoire. En effet les occurrences d’horror dans le De rerum natura démontrent que le terme est lié surtout à la crainte de la mort, des fantômes et des dieux, autrement dit la même peur que les épicuriens veulent éliminer pour donner accès à la volupté divine. Dans cet article, nous étudions cette formule de DRN III, 28-30 et nous proposons une nouvelle solution à sa contradiction interne, qui n’est qu’apparente. Cette solution est fondée sur l’hypothèse d’un emploi thérapeutique de la poétique du sublime.