Abstract
Cette approche considère la greffe d’organes, non seulement comme un problème d’éthique médicale, mais comme un symptôme pour une enquête ontologique. Notre hypothèse de travail est la suivante : il est pertinent d’envisager l’éthique médicale comme le lieu de la mise à l’épreuve des schèmes ontologiques élaborés par l’anthropologie de la nature de Philippe Descola. La greffe d’organes serait un révélateur des conflits d’ontologie de l’Occident naturaliste, parce que la médecine a pour objet le corps comme nexus, où se rencontrent le corps comme machine organique (physicalité), et le corps comme entité dotée d’intériorité. « Cet » organisme et « mon » corps senti. C’est le lieu où peuvent s’exprimer ces conflits d’ontologie entre animisme et naturalisme, qui révèlent certains fondements architectoniques du monde mental collectif dans lequel nous vivons.