Abstract
Le présent article propose de réévaluer le rôle de l’analogie entre l’art politique et l’art pastoral dans la philosophie politique de Platon et d’offrir ainsi à l’histoire des arts de gouverner un autre aspect du pastorat que celui que Michel Foucault a cherché hors du monde Grec. On a négligé de lire dans cette perspective le passage des Lois, V, 734e-736b où Platon invoque le gardien du troupeau pour mettre en avant une dimension fondamentale de l’art politique, celle qui consiste à purifier le corps social de ses éléments indésirables, mais aussi celle qui exige de subdiviser celui-ci pour mieux répartir en son sein les ressources et développer ses capacités d’action. On montrera comment Platon, en réactivant l’analogie homérique entre pratiques pastorales et les pratiques militaires, dessine un art de gouverner inspiré par l’art de trier et de répartir des pasteurs d’hommes, comme un art de production de communautés robustes dotées d’une capacité d’agir collective.