Abstract
La question importante, ici, n’est pas l’intérêt philosophique des séries télévisées mais l’intimité mutuelle des séries et de la philosophie : comment peut-on trouver dans la philosophie le traitement de la forme de sensibilité qui a été formée par le fait de regarder des séries? Pour cela il faut transformer la philosophie, en faire une éducation de soi, comme une autobiographie esthétique. Stanley Cavell prenait son point de départ, dans La Projection du monde (1971), dans le caractère « populaire » du cinéma, en l’articulant à l’intégration du cinéma à la vie ordinaire du spectateur. Ce que Cavell revendiquait du cinéma grand public de Hollywood s’est transféré aux séries télévisées, qui l’ont relayé, sinon remplacé, dans la tâche d’éducation morale et dans la constitution de l’imaginaire des humains. La culture populaire se révèle lieu de « l’éducation des adultes », d’une forme de culture de soi – une subjectivation opérée par la mise en commun, par le partage et le commentaire d’un matériau public, intégré dans la vie ordinaire.