Dialogue 42 (2):394-396 (
2003)
Copy
BIBTEX
Abstract
Les Archives-Husserl de Louvain en Belgique furent fondées en 1939, un an après la mort de Husserl, à la suite du sauvetage spectaculaire des quelque 40000pages de manuscrits qu’avait laissées derrière lui le fondateur de la phénoménologie. Ces manuscrits de recherche, ébauches d’articles, fragments inédits, notes de cours,etc. sont rédigés dans la variante développée par Husserl d’un code sténographique, le Gabelsberger, frappé d’obsolescence après la Première Guerre mondiale, et le travail d’édition des œuvres complètes de Husserl dans la collection Husserliana—chez Nijhoff jusqu’en 1988 et depuis chez Kluwer—constitue, pour les raisons qu’on imagine facilement, une entreprise laborieuse et de longue haleine. La nouvelle collection Husserliana Materialien a, semble-t-il, été conçue au début du nouveau millénaire en vue d’accélérer le processus par lequel les écrits de Husserl sont rendus accessibles au public philosophique. Cette décision est d’autant plus opportune qu’après plus d’un demi-siècle d’activité, les Archives-Husserl n’ont pas encore atteint l’objectif visé et ce bien qu’on ne prévoie publier qu’un cinquième environ du matériau dont on dispose. Il y a bien sûr un prix à payer, car les Materialien obéissent à une politique éditoriale simplifiée. L’introduction de l’éditeur ne s’aventure point, contrairement à ce qui est le cas dans les Husserliana, au-delà d’une description de l’agencement, de la condition et de la petite histoire des feuillets réunis. On doit, comme c’est au demeurant aussi fâcheusement le cas dans les Husserliana, renoncer entièrement à l’index rerum et, dans le cas qui nous intéresse ici, se contenter d’un index des noms propres, malheureusement incomplet. Mais la différence essentielle consiste toutefois en ceci que les Materialien ne contiennent pas les remarques éditoriales exhaustives qu’on retrouve dans les Husserliana. Les remarques critiques se limitent à des notes de bas de pages qui ont pour but de rendre compte des modifications jugées les plus importantes—Husserl retravaillait souvent plusieurs fois un même manuscrit—et des références textuelles. L’exégète scrupuleux se retrouve donc à la merci de l’éditeur et peut-être aura-t-il raison de penser qu’il y perd au change.