De Ware redekunst volgens platoons phaidros

Tijdschrift Voor Filosofie 26 (3):405 - 441 (1964)
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Abstract

En dépit de témoignages explicites d'auteurs anciens, auxquels des historiens modernes ont fait confiance, la date tardive du Phèdre ne fait plus de doute. Ce résultat est dû aux études stylistiques bien plus qu'aux travaux d'exégèse. Quand il s'agit de définir le sens et le but du dialogue ou de démêler les liens qui le rattachent aux autres dialogues ou à des écrits contemporains, on est loin d'aboutir à un accord. Platon veut-il simplement établir le programme d'une rhétorique philosophique pour faire pièce à l'action envahissante des écoles de rhétorique ? Vise-t-il plus spécialement telle ou telle doctrine rhétorique ? Vu les points de contact avec des écrits d'Isocrate, d'Alcidamas et d'autres, a-t-il peut-être voulu trancher certaines questions brûlantes, intervenir en conciliateur ou en arbitre ? Le fait est que l'examen dialectique se termine à la p. 272b par la récapitulation et la réponse définitive à la question posée p. 258d et reprise p. 259e. Alors que le débat portait sur le logos en tant que discours écrit ou prononcé, Socrate introduit dans la finale la notion du logos de l'âme pour répondre aux objections de Phèdre. Alors qu'il a prouvé (261e-262b) la nécessité de la connaissance de la vérité, peu importe de quel genre de discours il s'agit, il revient en arrière pour discuter à nouveau la théorie de la vraisemblance de Tisias appliquée au seul genre judiciaire. Pourquoi, après chacune des objections (273d-274a, 278bc) répéter la conclusion finale et reprendre coup sur coup le problème de l'œuvre écrite, qu'il avait expédié en passant, p. 257d-258d ? Au terme de cette dernière diversion, Socrate oppose à la philosophie les techniques spéciales qui lui sont subordonnées : législation, poésie, éloquence. Est-ce peut-être dans ce message destiné à Lysias et doublé d'un message analogue à Isocrate que Platon a voulu nous donner la clef de l'œuvre ? Le Phèdre été conçu comme un drame parfait axé sur la mission et la condamnation de Socrate et cette structure lui donne son sens et son unité. Le cœur, c'est la péripétie et cette „reconnaissance” dans laquelle le daimonion ouvre les yeux de Socrate. Ecoutant son daimonion, il embrasse ses dieux à lui, son Eros, et dès lors sera traité d'impie par le jury. Les politiques, les poètes et les orateurs impuissants à appuyer leurs paroles (par la philosophie) (273c) deviendront ses accusateurs, et c'est Socrate qui, ignorant leur éloquence, sera impuissant à se défendre. On lui reprochera de corrompre la jeunesse. C'est que son discours ici se termine par cette prière significative : „Accorde-moi... d'être, plus encore qu'à présent, en crédit auprès des beaux garçons” (257a trad. Robin). Bref, la scène du Phèdre est le prélude, ou, si l'on veut, la contre-partie du drame de 399. Quel est le rôle de Lysias ? Exactement le même que dans la République et le Clitophon. Contrairement à son frère Polémarque (257b) il ne pense que politique et barreau, une politique qui en définitive adopte les principes de violence de Thrasymaque (Rép. I et Phèdre 266c). Dans une soi-disant Défense de Socrate, il a répondu à Polycrate en ramenant toute l'affaire sur le plan purement politique et en reniant le verdict de 399, imputable à l'absence d'une défense efficace. Soucieux du relèvement de la démocratie, il désire reléguer à l'arrière-plan l'affaire de 399, faire oublier les griefs religieux et peut-être tendre la main aux Socratiques, pour, ainsi, passer à l'ordre du jour. Or, se prêter à cette manoeuvre, pour Platon, c'est renier son maître. Que reproche-t-il à Lysias ? De tourner le dos à la Philosophie en médisant d'Eros. Et nous apprenons en finale, pour mettre fin à toute équivoque, qu'Isocrate n'échappe pas à ce même reproche. Mais tout cela se situe à l'arrière-plan. Dans la trame du Phèdre, celui qui est directement accusé d'impiété, celui qui s'accuse lui-même, c'est Socrate. S'il n'y avait vu clair, s'il avait quitté ce lieu sacré après un succès oratoire sur un thème imposé par Lysias, il aurait renié ses daimonia ; il aurait trouvé grâce auprès des hommes, mais serait justiciable des dieux (242d). Dans ce cas le drame, le vrai drame du Phèdre, n'aurait pas eu lieu et Socrate aurait échappé à son arrêt de mort

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