Abstract
Quoi de plus inerte que les objets mathématiques. Rien ne les distingue de la pierre et pourtant, à les considérer dans leur perspective historique, ils semblent bien ne pas être aussi dénués de vie qu’il n’y paraı̂t. Conçus par l’homme, ils laissent entrevoir le souffle qui les anime. Pris dans les rets d’un langage, ils ne peuvent se séparer de la forme que les forces tensives qui les contraignent leur ont donnée. S’ils n’ont pas de vocation biologique spécifique, ils sont pour autant toujours et avant tout des possibilités de vie, des objets de puissance. Bien qu’ils ne connaissent ni la douleur, ni le rire, ils ont par leur mode ou leur style d’existence une forme de vie singulière qui structure le donné ou la matière des autres entités auxquels ils participent. De ce fait, en s’immisçant dans l’armature de ces entités, ils conditionnent leur forme d’espace, les enjoignant de se plier à une charpente qu’elles n’ont pas choisie.