Abstract
Résumé Après la fin de la Seconde guerre mondiale, un débat s’est instauré autour de la question du temps mémoriel qui lie passé et présent. Avec le statut historique acquis par la mémoire collective, une contradiction apparaît alors entre une mémoire multiple et une histoire univoque qui a suscité la défiance d’historiens. Ils optent pour « une histoire critique de la mémoire » et scrutent les « filtres des expériences vécues ». Après une décennie de refoulement du passé, une rupture s’opère au début des années 1960. À la question d’une « histoire critique de la mémoire » des années trente, du IIIe Reich et de ses crimes, les historiens répondent par des théories des fascismes et des analyses de la fin de la République de Weimar. À la fin des années 1970 – alors qu’apparaît le terme Holocauste – le débat sur le temps mémoriel prend en compte la thématique victimes-bourreaux. S’ouvre dès lors en Allemagne de l’Ouest des lieux de mémoire locaux ou régionaux, des itinéraires mémoriels inscrits dans le pavé des villes avec mention nominative des victimes et des « acteurs » directs de l’époque. De vives polémiques apparaissent. Le travail de mémoire reste alors pour l’historien un travail critique qui doit intégrer dans la remémoration volontaire du passé l’interrogation du futur.