Abstract
On n’imagine pas de justice sans possibilité de faire miséricorde ; inversement, une miséricorde qui ne tiendrait pas compte de la justice ne serait plus la miséricorde. Les deux notions sont liées, mais sur un socle inégal : car la justice inspirée par la loi naturelle déborde la justice positive, de même que la misère des miséreux ne se laisse pas ramener au mal commis par le misérable. En découlent des variations où l’on peut voir se profiler trois moments : 1. La loi coutumière est bousculée par le Dieu de justice qui en questionne la légitimité ; 2. La répartition des tâches en chrétienté délègue l’exercice de la justice au pouvoir civil, l’Église se réservant la charité ; 3. L’époque contemporaine fait prévaloir l’idée de seconde chance à la base de toute justice, la responsabilité collective contrebalançant alors la culpabilité individuelle