Abstract
Le présent article se propose de revenir sur l’apport de la psychanalyse à l’élaboration de la théorie sociale critique développée par Adorno et Horkheimer. Pour en éclairer la spécificité, il se consacre à l’étude de la théorie des besoins que ces auteurs élaborent dans les années 1940, qui vise à élucider comment il est possible de satisfaire socialement les besoins de tous sans reconduire la domination de la nature. L’article démontre la contribution de la psychanalyse au développement de cette théorie, qui se constitue dans un dialogue avec les notions freudiennes d’autoconservation et d’étayage. Il entend détailler comment la théorie des besoins permet de mettre en lumière la façon dont cette théorie sociale critique met à l’épreuve la théorie freudienne des pulsions : le concept de besoin s’établit dans la théorie sociale par l’intermédiaire d’une confrontation avec la naturalité propre à la pulsion, et permet à la théorie sociale d’élaborer un concept de nature dans lequel nature interne et nature externe sont articulées et différenciées.