Abstract
Le projet de Georges Duby sur l’histoire des femmes au Moyen Âge repose dans une large mesure sur l’anthropologie structurale de Claude Lévi Strauss et le marxisme structuraliste de Louis Althusser : les femmes de l’aristocratie médiévale, selon Duby, étaient des gages dans un système de parenté contrôlé par et pour les hommes ; elles formaient leurs subjectivités propres à partir de l’idéologie dominante que façonnaient les hommes. Les sources, pour Duby, ne révèlent jamais de voix féminines indépendantes. Les historien(ne)s féministes américain(e)s s’accordent bien souvent avec l’opinion de Duby sur les contraintes du système patriarcal qui pesaient sur les femmes au Moyen Âge. Toutefois, à la différence de Duby, leurs recherches ont mis l’accent sur la résistance qu’expriment les voix féminines. Cette insistance de la recherche féministe, outre-Atlantique, est symptomatique du très large intérêt que porte la recherche américaine aux résistances des groupes dominés. De même, le peu d’intérêt porté par Duby aux actions des femmes semble symptomatique de tendances plus larges de la recherche française