Naar de oorsprong Van de taal

Tijdschrift Voor Filosofie 37 (2):187-210 (1975)
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Abstract

Les recherches linguistiques, quelle que soit leur méthode, comportent toujours un élément de réflexion. Dans la ligne du livre remarquable de Denis Vasse, Le temps du désir, cet article veut contribuer à la réflexion sur „l'origine de la parole”. En effet, la conscience de notre corps ne manque pas de nous révéler des résidus de la vie inconsciente qui est à l'origine des structures de notre corps et du „corps subtil” qui est notre langage. Ces résidus sont e. a. les trois dimensions corporelles , qui manifestement trouvent leur origine dans les trois phases de l'évolution psychique , et qui constituent trois formes de symbolisation appelées respectivement „expression”, „communication” et „signification”. L'„expression” est le corps subtil que l'enfant qui vient au monde donne en échange de tout ce qu'il reçoit de la mère. Par cet échange, la vie, commencée dans le sein maternel, prend l'aspect plus humain d'une présence réciproque. Mais la séparation de la naissance entraîne avec elle une menace constante de la mort, qui est - déjà plus humaine qu'une désintégration purement biologique des cellules vivantes - la déreliction, la détresse de l'enfant nécessiteux. Dans cette phase psychique, la conscience naissante ébauche une première structure d'elle-même : celle de la distinction entre l'intêrieur et l'extérieur ; l'homme ne cessera jamais de se considérer imaginairement comme le centre d'un monde qui l'entoure et dont il est la raison il'être. Et la dimension corporelle qui correspond à cette imagination, est celle du mouvement horizontal, le mouvement produit par les bras et les yeux. Puisqu'il ne fait encore que consommer, l'enfant commence par „com-prendre”, „saisir” la présence de l'autre. Le passage de l'„expression” à la „communication” va de pair avec la transition à la phase anale. L'enfant, par des jeux primitifs comme celui du „fort” et „da” , a appris à accepter une séparation plus longue de la mère, ou plutôt à refouler l'angoisse devant la menace de la mort, qui était la dereliction. Le temps où il apprend à se tenir debout et à retenir la défécation, est aussi le temps où sa conscience naissante s'ouvre à la concurrence de frère et de soeur , surtout à celle du père : la possession de la mère doit être partagée. Ce ne sont plus seulement les cris qui servent de corps subtil pour réaliser la présence réciproque ; celle-ci s'acquiert maintenant par le tenue du corps. La tenue du corps est le langage primitif qui est en fait une „communication” ; il fait trouver le moyen de relâcher encore le cordon ombilical et d'accepter la concurrence d'autres possesseurs de la mère, tout en éloignant l'angoisse de perdre celle-ci. L'objet de l'angoisse se déplace maintenant vers le danger de tomber, de faillir dans la maîtrise du corps et de subir amèrement l'humilitation de l'impuissance. La tension inconsciente, produite par cette angoisse, fair surgir une nouvelle dimension imaginaire : l'opposition entre le haut et le bas. L'effort que demandera toujours la construction de cette dimension verticale , continuera à servir d'étalon dans l'évaluation de tout ce qui demande de l'effort¹, en particulier le travail et la réalisation technique. Pour cette raison il est normal de dire que les salaires et les prix „ montent" — non pas qu'ils augmentent -; pour la même raison le fruit de l'effort, la puissance ou la sécurité, est symbolisé par un siège : le thrône du roi, le siège du président, la chaire du professeur, le siège aussi d'une ville, la pos-session du domaine. Il faut une troisième naissance pour que le langage de l'enfant passe enfin à la forme spécifiquement humaine de „signification”. Apprendre à parler, c.-à-d. à donner aux cris jusque là désordonnés, le „sens” de l'articulation, de l'ordre consécutif, c'est découvrir un monde qui dépasse de loin la présence de la mère et du père. Ce monde est „un relais qui vient s'interposer entre corps et le corps de l'autre ” . Le passage à la „signification” interfère d'ailleurs avec la phase phallique et encore avec l'éclosion du „je” comme sujet. L'ordre articulé des mots qui se suivent engendre la signification, précisément parce qu'il permet à autrui de „suivre” la pensée ; il est aussi symbole de la vie qui doit être une conduite ordonnée. En tant que tel il permet de refouler l'angoisse devant de désordre moral, la conduite désordonnée et devant le blâme ou la réprobation qui en seront la conséquence. En imaginant les projets d'une conduite future , la conscience se projette littéralement en avant et elle crée la troisième dimension, celle du lointain et du proche. Elle prend ici enfin la forme spécifiquement humaine de ïintentionalité, dirigée vers un paradis lointain qui tiendra la place de celui qu'elle vient de perdre. Pourquoi l'intentionalité est-elle spécifiquement humaine ? Parce qu'il est propre à l'essence humaine de chercher le sens de la vie et d'être déjà responsable de ce que cette vie pourra devenir plus tard. Or, c'est là aussi la structure du langage : une proposition, une phrase ne se construisent pas sans être prévues d'avance ; elle ne sont compréhensibles que quand la suite des vocables présente un ordre acceptable par les autres et une cohérence suffisamment logique ; et cependant cet ordre peut être si spécifiquement personnel, qu'il devient une parole authentique, nouvelle lorsque le sens en est cherché et créé par moi. Il s'ensuit que chercher l'origine de la parole, c'est chercher aussi le sens de l'existence humaine : par sa structure la parole reproduit l'histoire humaine et évoque le destin de l'homme

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