Abstract
« La disproportion de la violence anti-spéciste par rapport à ses objets pose la question des motifs de cette violence. Loin d’être l’expression d’une compassion instruite par une morale hédoniste, par une écologie et une éthologie, cette violence joue dans l’idéologie générale de l’indifférenciation, un rôle capital et manifeste le ressentiment propre à la post-modernité. On ne peut retrouver la place privilégiée de l’homme qu’en répondant à la crise cosmologique de la modernité par une cosmologie panpsychiste, celle, par exemple, de Raymond Ruyer. La dignité centrale de l’homme y est fondée sur la nature de son cerveau, embryon continué, renversant le rapport de subordination à l’organisme, pour offrir à la personne humaine un don de relation avec le Monde comme totalité. La pluralité des espèces est ainsi dépassée par l’accès à un monde des valeurs, unifié par un Sens des sens. Ne pas vouloir occuper la place centrale, c’est déroger aux exigences fondatrices de la personne. La violence anti-spéciste n’est donc ni altruisme étendu à tout être sentant ni humilité mais ressentiment contre une situation qui n’est pas une situation de pouvoir mais de responsabilité. »