Le présent dossier consacré à Raymond Ruyer s’inscrit dans le contexte d’une redécouverte de ce penseur français admiré en son temps par plusieurs de ses pairs, tels que Merleau-Ponty, Canguilhem ou Deleuze, et dans la dynamique de ce qu’on peut désormais appeler les « études ruyériennes ». Plusieurs revues ont en effet consacré ces dernières années des numéros au philosophe nancéien : Les Études philosophiques, la Revue philosophique de la France et de l’étranger (n°1/...

Ruyer et Bachelard ont en commun de concevoir le travail de la philosophie comme essentiellement lié à la science. Toutefois, alors que Bachelard s’en tient à des positions épistémologiques, Ruyer entend tirer des conclusions métaphysiques des résultats de la physique contemporaine. Il expose ses vues à l’occasion de deux comptes rendus qu’il fait des écrits de Bachelard. Selon Ruyer, les activités structurantes originales qui caractérisent les atomes et les molécules autorisent à les comparer aux êtres biologiques des étages supérieurs et (...) à défendre une vision panpsychiste du réel. L’imagination métaphysique peut alors proposer ce que Ruyer appelle une « lecture du monde » qui en donne une vision unifiée et intensifiée. Les deux directions opposées de l’œuvre de Bachelard, le concept et l’image, ont ainsi la possibilité d’être réconciliées. (shrink)

Il est aisé de repérer dans la pensée de Ruyer la réactivation d'un motif philosophique ancien, celui de la « grande chaîne de l'être », dont Arthur Lovejoy avait donné une étude mémorable. On étudie ici comment un certain nombre de faits scientifiques contemporains, aussi bien dans la physique que dans la biologie, ainsi que la réflexion de Ruyer en théologie rationnelle, sont venus justifier sa réécriture. It is easy to locate in Ruyer's thought the reactivation of an old philosophical (...) idea, that of the "Great Chain of Being", which had been masterfully studied by Arthur Lovejoy. We study here how a few contemporary scientific facts, both in physics and biology, as well as Ruyer's thought on rational theology, came to justify its revival. (shrink)

La philosophie de Raymond Ruyer se présente comme une néo-monadologie autant que comme un néo-finalisme. Cet article revient sur ce que Ruyer retient du monadisme, à savoir avant tout l’idée de panpsychisme, ainsi que sur son rejet d’un certain nombre de présupposés de Leibniz concernant l’espace, le temps, et la substance, qu’il entend corriger. Ainsi se dessine un renouvellement de la monadologie, appuyé sur une interprétation des résultats de la science contemporaine.

L’intérêt de la réflexion de Ruyer sur l’homme vient de ce qu’elle s’intègre dans une cosmologie philosophique. Elle tient ainsi compte de l’ensemble des résultats des sciences contemporaines, et permet de renouveler toutes les questions classiques, en s’orientant dans les querelles de l’humanisme et de l’anti-humanisme. L’anthropologie ruyérienne, telle qu’on peut la reconstruire, procède en quatre temps : faire de l’éthologie comparée le préalable incontournable de la réflexion sur l’homme, déterminer la différence humaine par le biais de la fonction symbolique, (...) rechercher alors les facteurs naturels du passage au symbolique, réintégrer pour finir l’homme dans la vie et le cosmos, en éliminant toute forme d’idéalisme. Le naturalisme de Ruyer débouche sur une conception élargie de la nature, qui autorise une compréhension inédite de l’ « animalrationale ».The interest of Ruyer’s reflection on man results from the fact that it becomes integrated into a philosophical cosmology. In this way, it takes into account most of the results of contemporary sciences and enables him to renew all the classic questions involved in the problem, giving orientation in the quarrels about humanism and anti-humanism. Four stages can be distinguished in the ruyerian anthropology, when reconstructed : compared ethology is first considered as the unavoidable preliminary when thought about man is concerned ; then the difference of man is settled by means of the symbolic function ; it suggests that natural factors leading to symbolism have to be looked for ; at last man is reinstated in life and cosmos, idealism being entirely excluded. From Ruyer’s naturalism emerges a broadened idea of nature, allowing an original interpretation of the « animalrationale ». (shrink)

Merleau-Ponty, malgre ce que peut suggerer une lecture trop rapide, a refuse de placer son entreprise sous le signe de l'anti-metaphysique. Certes, il a tenu compte des critiques anterieures adressees a la metaphysique, cependant il occupe une position originale et singuliere dans le champ philosophique contemporain. Partant des travaux de la psychologie gestaltiste de la perception, encore largement ignores en France aujourd'hui, et sur lesquels le present ouvrage s'est largement appuye, Merleau-Ponty a ete conduit a renouveler l'ontologie traditionnelle, pour elargir (...) ensuite le domaine de la metaphysique a de nouveaux objets, jusqu'a remonter au mystere de l'espace et du temps. Un certain nombre de deplacements et de reagencements sont ainsi operes, qui temoignent d'une reappropriation vivante de la metaphysique, a partir d'une finitude que Merleau-Ponty dit non pas - bornee - mais - militante -.". (shrink)

In “Ruyer’s Relation to Whitehead”, Fabrice Colonna seeks to establish the exact presence of Whitehead in the French philosopher’s work. The indisputable points of connection between the two thinkers, concerning the importance of metaphysics, the critics of the materialistic scheme, the relevance of a renewed platonism, should nevertheless not obscure certain differences in emphasis, which are apparent in the problem of the compounds beings and about certain principles of speculative theology, to which both of them have found deeply original ways.

Introduction à la pensée de R. Ruyer, qui développa une philosophie générale de la biologie, à l'intersection des sciences et de la métaphysique. Interrogeant les fondements de cette science, il contestait le discours génétique comme la pertinence de l'approche darwinienne pour rendre compte de l'histoire de la vie.

Ruyer et Bachelard ont en commun de concevoir le travail de la philosophie comme essentiellement lié à la science. Toutefois, alors que Bachelard s’en tient à des positions épistémologiques, Ruyer entend tirer des conclusions métaphysiques des résultats de la physique contemporaine. Il expose ses vues à l’occasion de deux comptes rendus qu’il fait des écrits de Bachelard. Selon Ruyer, les activités structurantes originales qui caractérisent les atomes et les molécules autorisent à les comparer aux êtres biologiques des étages supérieurs et (...) à défendre une vision panpsychiste du réel. L’imagination métaphysique peut alors proposer ce que Ruyer appelle une « lecture du monde » qui en donne une vision unifiée et intensifiée. Les deux directions opposées de l’œuvre de Bachelard, le concept et l’image, ont ainsi la possibilité d’être réconciliées. (shrink)