Abstract
Ruyer partage avec Bergson la négation d’un stockage des souvenirs dans le cerveau mais non l’affirmation qu’ils sont dans l’esprit, car ils ne sont jamais « déjà là », tout en étant disponibles. Comparables aux formations organiques de l’embryogenèse, ils sont recréés, formés à nouveau par un détour par des sens ou des expressivités, régénérés à partir de leurs racines sémantiques. L’activité prime ici sur la substance et sur le lieu, quel qu’il soit. Mais le sens prime sur toute activité. S’agissant de la mémoire du vécu personnel, biographique ou anecdotique, de quel enracinement sémantique dépend, comme fondement de notre permanence morale, la recréation de « nos » souvenirs?